Sambos

Alors les sambos, c'est ma madeleine de Proust à moi. Quand j'étais petite, mes camarades et moi, on raffolait tous de ces  friands fourrés à la viande, plus ou moins pimentés, qu'on trouvait facilement dans la rue, vendus sur les étals des marchandes, devant notre école. Les récréations, les heures de permanence, les sorties de classe étaient autant de prétextes pour faire le plein de gourmandises: des beignets de banane, des achards de mangues vertes, des bananes frites, des cacahuètes grillées. Et des sambos. C'était une autre époque, un autre monde, au bout du monde, au bout d'une île.

Le goût de ces sambos, je l'ai emporté partout avec moi. J'en ai parlé partout, beaucoup, en décrivant avec moult détails ce petit beignet, sa forme triangulaire...jusqu'à ce qu'un jour on me dise: "ben tu parles de samoussas, en fait!"...les samou...quoi? Ah mais non mais non, moi je connais les sambos, ceux que tu manges avec tes copains dans la rue, avec des brochettes de zébu, des achards de mangues vertes pimentés...pas les samoussas au poulet, au poisson, aux légumes, aux vermicelles (aux vermicelles, my god!!!!!!) que tu trouves sous-vide en grande surface. A force de tomber sur ces samoussas, qui ont la forme des sambos, la texture des sambos mais pas le goût des sambos de mon enfance, je me suis dit qu'il valait encore mieux apprendre à les faire.

Auprès de ma maman et ses copines, j'ai recueilli les ingrédients et je me suis lancée...avec quelques ratés au début, parce que quand on apprend avec maman et ses copines, pas de "mettre X oignons ou de "faire revenir pendant X minutes". C'est plutôt: des "tu surveilles ta viande et quand c'est cuit tu coupes le feu", "tu mets du sel mais pas trop. Tu goûtes pour savoir", "tu mets un peu de massalé mais pas trop"...quand tu fais tout ça sous leur regard, ça va à peu près. Mais quand t'es jeune étudiante, seule dans ton appart' et que tu veux faire la maligne et impressionner ton boyfriend tout neuf...ben tu maudis ta mémoire de poisson rouge! Bon, finalement, d'essais en essais, de ratés mémorables en tâtonnements, j'ai réussi à les refaire, ces fameux sambos!! Et en une bouchée, ils réussissent toujours à me transporter au bout de la Grande Ile de mon enfance, aux abords d'une école, d'une rue qui sent bon les brochettes, les achards de mangues vertes pimentés qu'on mange dans du papier journal, les beignets de bananes, les cacahuètes grillées, les bananes frites. A une époque où comme disent les poètes "vieillir était encore bien illusoire"...et pour la petite histoire, mon boyfriend tout neuf de l'époque est entre temps devenu mon mari!

A mon enfance!

A tous celles/ceux qui l'ont partagée!

A ceux pour qui les samoussas s'appelleront toujours des sambos!

A tous ceux qui ont connu et connaitront encore cette fameuse école, au bout du monde, au bout d'une île, au bout d'une ville, au bout d'une rue, au milieu de l'Océan Indien!

A la mamie indienne, voisine de ma maison d'enfance, qui à chaque période de Ramadan, traversait la rue dans son sari magnifique, un plateau chargé de ces fameux sambos faits maison sur la tête. Tout ça pour nous!

Sambos (pour 20 sambos environ, la quantité dépendra de la taille de vos sambos)

400g de viande hâchée de boeuf (à défaut de zébu)

2 oignons coupés en dés

3 oignons verts

4 gousses d'ail

2 cm de gingembre

1 c. à soupe de massalé

1 c. à café de curry

sel, poivre, piment (facultatif)

une vingtaine de feuilles de menthe fraiches

pâte à sambos/samoussas surgelée (dans les épiceries asiatiques ou en grande surface)

• Pilez ensemble l'ail, le gingembre, le sel, le poivre et le piment (si vous en mettez). Réservez.
  
• Pilez ensuite la menthe. Réservez.
  
• Faites revenir la viande avec les oignons.
  
• Ajoutez le mélange pilé, remuez quelques minutes. Coupez le feu
  
• Ajoutez la menthe, le massalé, le curry et les oignons verts. Remuez. Votre préparation est prête!
  

Vient ensuite l'étape du pliage...Là aussi, plusieurs méthodes. Celle qui m'a été enseignée s'apparente un peu à une séance de pliage du drapeau américain, alors plutôt que de vous infligez de longues et fastidieuses explications, je vous renvoie vers le blog d'ilocuisine, dont les explications sont simples et en images. Vous verrez, l'étape du pliage n'est pas compliquée, juste un peu longue si vous avez prévu de faire des sambos en grande quantité.

Pour la cuisson, vous avez deux options: la friteuse ou la poêle. Personnellement, j' ai choisi la poêle. Je trouve qu'à la friteuse, la viande est trop cuite et que ça altère le goût.

Pour fermer les sambos, utilisez un mélange de farine et d'eau

Comments

[Maryse]

Mes souvenirs d'adolescene remontent à la surface , Je n'ai jamais oublié le goût de ces merveilleux sambos qui n'ont rien de commun avec les samossas. Je vais tenter la recette ! Merci !

[Fran]

J’ai aussi passé une partie de mon enfance et adolescence sur cette grande île et le sambos est aussi ma madeleine de Proust. J’en ai mangé des tonnes au Lycée Français avec des morceaux de mangues vertes que l’on mangeait avec du sel et piment. En lisant ton texte, les odeurs me revenaient. Je vais tester ta recette car j’ai tenté plusieurs fois d’en faire sans arriver vraiment à retrouver ce goût du passé. Je l’ai retrouvé en y retournant il y a deux ans. Merci beaucoup !

[Ariane]

Me voilà à parcourir ton blog et à lire des recettes qui m'ont échappées jusqu'ici...quel bonheur...! Dès lors qu'il y a le goût de l'enfance, la recette prend une tournure spéciale, de tentative en tentative, elle devient un petit miracle du souvenir...Merci pour ce merveilleux partage.

[Karibo Sakafo]

C'est toujours un bonheur de partager des moments avec toi!!!

Et je me souviens bien des curry qu'on préparait dans ta cuisine!!! Et de la fois où on avait trouvé du romazava (en boîte!!!)...un chouette trésor pour les nostalgiques de la cuisine de la Grande Ile que nous étions!

[anaisinti]

A toi qui m'a permis de retrouver ce goût si particulier, si longtemps après, dans cet appart' , à toi qui m'a permis de ne pas devenir une étudiante mangeuse de pâtes mais qui m'a mise aux fourneaux, à ta maman et ses conseils, je dis MERCI !

Tu te rappelles les curry que l'on cuisinait dans ma mini cuisine ? De grands moments de partage !

Alors merci pour ce blog, qui me ramène à ces temps de découverte, et me donne l'impression de partager des moments avec toi comme il y a quinze ans.